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Digitalisation de la société : « c'est la voie la plus probable, y compris pour l'éducation »
Constantin peux-tu nous parler de ton parcours ? Comment t'es-tu lancé dans l'aventure entrepreneuriale ?
Je suis né en 1989 à Paris au sein d'une famille franco-russe. Mon père ayant eu une opportunité professionnelle, nous avons quitté la France avec ma famille en 2000 pour nous installer à Moscou. J'ai été scolarisé entre 2000 à 2007 au Lycée Français de Moscou, que nous appelions à l'époque le LFM et qui est devenu plus tard le Lycée Alexandre Dumas. Puis je suis revenu en France pour mes études supérieures. Après deux ans de classe préparatoire au lycée Raspail à Paris, j'ai intégré l'Ecole des Mines d'Alès.
L'entreprise où je faisais mon stage en France m'a ensuite proposé un poste en VIE (Volontariat International en Entreprise) à Moscou. Un poste obtenu presque par hasard, quand le directeur a appris que je parlais russe, et qui a finalement duré, puisque j'y suis resté quatre ans et demi. Travailler dans ce bureau d'étude spécialisé dans le transport m'a permis d'acquérir de l'expérience et un réseau professionnel mais je me suis rendu compte que cela ne me convenait pas et que je n'avais pas envie de travailler dans le domaine de l'ingénierie pure.
J'ai alors rencontré Mathieu (le co-fondateur Axiom Academic et de SOS parents confinés) par hasard dans un bar à Moscou. Nous avons découvert que nous venions de la même école. Il avait créé Axiom Academic, une petite agence de soutien scolaire à Moscou pour les familles d'expatriés français et n'avait ni les ressources ni le temps pour développer son activité. J'avais du temps et des compétences en marketing digital, nous nous sommes donc associés et notre complémentarité nous a permis de développer l'entreprise en proposant nos services dans d'autres pays (Emirats Arabe Unis, Singapour, US…).
Actuellement, Axiom Academic c'est une petite équipe de 7 personnes qui sont devenus mes amis. Nous n'avons pas de locaux et nous fonctionnons principalement en télétravail. On se retrouve deux ou trois fois par an à Paris. L'objet de la plateforme est de mettre en relation des élèves des lycées français du monde avec des professeurs francophones qui assurent des cours particuliers en présentiel.
Pourquoi avoir créé SOS Parents Confinés ?
La crise que l'on traverse actuellement nous a amené à nous adapter. Même si les enseignants avec lesquels nous travaillons assurent actuellement leurs cours en ligne, car depuis le confinement le soutien scolaire est à l'arrêt. Je fais beaucoup de veille sur les réseaux sociaux, et j'ai vu des dizaines de pages de parents appelant au secours, de posts de familles dépourvues face à la situation. L'école à la maison ça marche mais cela pose pleins de questions. Je suis moi-même issu d'une famille de 5 enfants et mon plus jeune frère est encore scolarisé. J'ai aussi autour de moi l'expérience de ma sœur qui a deux enfants.
Parallèlement à cela, en France, tout le monde s'est mis à aider (boulangers, restaurateurs, particuliers …) et l'entraide s'est beaucoup développée. Moi je n'avais jamais fait de bénévolat et j'en avais une vision archaïque, presque cliché du type "associations humanitaires qui interviennent sur le terrain". Mais finalement, grâce au développement des nouvelles technologies, on peut aider sans être là physiquement. J'en ai discuté avec Mathieu, qui était resté à Moscou. Nous avons réfléchi à ce que nous pouvions proposer en sachant que nous avions du temps, une expertise en termes de développement de plateforme de mise en relation et des compétences en communication digitale.
Nous avons pris la décision de lancer SOS Parents Confinés le 25 mars et le site a été officiellement lancé le 6 avril. Ce qui nous a pris le plus de temps a été de définir le processus pour mettre en relation les familles et les bénévoles.
Peux-tu nous expliquer comment fonctionne la plateforme ?
SOS Parents confinés est une plateforme solidaire de mise en relation de parents et d'intervenants bénévoles. Le principe est extrêmement simple : des bénévoles publient une annonce précisant les activités qu'ils peuvent animer online : activités ludiques (cours de magie, origamis, dessins), aide à l'orientation, aide aux devoirs... et les parents accèdent à la liste d'annonces et prennent directement contact avec le/les bénévoles de leur choix. Le contact se fait via la messagerie Telegram et Facebook.
Il y a actuellement environ 300 bénévoles qui ont proposé leurs services. Nous ne sélectionnons pas les bénévoles en amont comme on pourrait le faire avec un processus classique de recrutement. Ce sont des personnes qui ont des compétences et qui veulent aider les autres. Nous avons uniquement un rôle de modérateur afin de vérifier que les annonces ne sont pas fantaisistes ou contraires aux bonnes mœurs.
Pour le moment, nous avons touché de nombreuses familles en France et environ 300 d'entre-elles se sont inscrites sur la plateforme. Les premiers retours que l'on a des familles sont très positifs. Notre action a été relayée par France 2 (reportage diffusé dans Télématin) ainsi que par les quotidiens Le Monde et Libération. Les partenaires d'Axiom Academic ont également communiqué gracieusement sur leurs sites. Cela nous a permis de recruter 150 bénévoles de plus en une semaine.
Comment envisages-tu l'après Covid ?
La plateforme SOS Parents Confinés restera certainement active. Il faudra lui trouver un nouveau nom, pourquoi pas "SOS parents".
Ce que la crise nous a montré c'est que, sauf effondrement systémique global, la digitalisation de la société est la voie la plus probable, y compris pour l'éducation. Même si l'enseignement en présentiel a encore un avenir, on a du mal à imaginer que du jour au lendemain la société puisse se passer des écrans. Il faudra que les entreprises adoptent également un autre mode de fonctionnement, plus digital.
Interview réalisée par Emmanuelle Failler.
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