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Une ancienne élève lauréate du Prix Albert-Londres de la presse écrite
Née au Liban, Caroline a grandi dans une famille mixte : un père libanais et une mère française. Après un court passage en France et aux Etats-Unis, elle passe la majeure partie de sa vie au Liban et étudie au Grand Lycée Franco-Libanais de Beyrouth où sa mère est professeure d’histoire géographie.
Au lycée, Caroline se dirige instinctivement vers la filière littéraire. “J’aimais beaucoup l’écriture, la philosophie, les cours de théâtre et toutes les activités extra scolaires comme le ciné club. Je garde de très bons souvenirs du lycée qui était super agréable et où il y avait une grande ouverture d’esprit. Ce furent mes plus belles années”, décrit la lauréate.
Une fois son Bac L en poche, Caroline s’envole vers la France pour poursuivre ses études. Mais à 18 ans, le journalisme ne fait pas encore sens pour la future lauréate de la plus grande distinction française du journalisme. Elle se dirige d’abord vers des études à Assas qu’elle qualifie de “sérieuses”, avec pour but de devenir avocate alors que ses parents lui conseillaient de se tourner vers des études de théâtre. “En général, c’est le contraire, ce sont les parents qui nous poussent à faire des études plus sérieuses”, dit-elle en plaisantant.
Mais dès la première année, elle se rend compte que le droit ne lui plaît pas et finit par se réorienter vers des études de lettres et de théâtre à la Sorbonne Nouvelle, avec un penchant pour la médiation culturelle. A ce moment-là, elle n’a pas d’idée très précise du métier qu’elle souhaiterait exercer par la suite.
L’année 2010 est un tournant pour Caroline qui décide de rentrer au Liban, “sans trop savoir quoi faire”. Elle enchaîne des petits boulots par-ci, par-là, ou s’engage dans des projets avec des architectes d’intérieurs.
Puis vient le déclic. Car Caroline le sait, elle aime l’écriture et ce, depuis toujours. “Quand j’étais jeune, j’écrivais des pièces de théâtre, des contes, ou encore des articles journalistiques”, indique-t-elle. Elle postule auprès de divers magazines libanais pour lesquels elle rédige surtout des comptes rendus d’évènements, de pièces de théâtre ou des portraits d’artistes libanais.
Quelque temps plus tard, elle apprend qu’un poste se libère au prestigieux quotidien libanais L'Orient-Le Jour. “Malgré un CV mince et une expérience réduite, ils m’ont quand même donné une chance”, raconte-t-elle. Caroline Hayek fait donc partie de ces journalistes “formés sur le tas”. Une fois embauchée, elle fait ses armes au service international avec pour mission de couvrir l’actualité régionale depuis Beyrouth. C'est ainsi que, pendant 6 ans, elle s’intéresse de près à la guerre en Syrie.
L’explosion du port de Beyrouth, le 4 août 2020, marque un tournant dans sa carrière journalistique. Alors qu’elle se trouve en vacances en France, elle décide de revenir au Liban. “J’ai absolument voulu participer, recueillir les témoignages des survivants, des familles des victimes”, se remémore-t-elle.
Son premier reportage suite à cette explosion est le récit de la catastrophe à travers les histoires de réfugiés syriens dont beaucoup habitaient les quartiers les plus proches du port de Beyrouth :“comment se remettaient-ils du drame, comment étaient-ils aidés, comment avaient-ils pu reconstruire leur appartement, comment avaient-ils pu se soigner en sachant que l’Etat libanais était aux abonnés absents et que le pays traversait une crise sans précédent ?”.
Toutes ces interrogations l’ont poussée à poursuivre ce travail, et ce, plusieurs mois plus tard, alors que la presse internationale ne parlait plus de ce sujet depuis bien longtemps. “J’ai ensuite voulu raconter Beyrouth, la manière dont elle était meurtrie, en dépression, alors qu’elle est réputée pour être une ville jeune, festive, animée. Elle ne ressemblait plus à cela”.
De là, naît l’article “Promenade dans un Beyrouth en déliquescence”, un des papiers qui a séduit le jury du prix Albert-Londres. “Recevoir le prix Albert-Londres pour quelqu’un sans parcours académique classique, qui a fait ses armes dans un seul quotidien, c’est sûr que c’est gratifiant, c’est un honneur énorme pour moi et pour l’Orient-Le Jour”, se réjouit-elle.
Ses objectifs désormais ? Rester et se battre pour ce métier qui la passionne et pour le Liban qui affronte une crise multiforme. “Je veux continuer à être là pour recueillir les témoignages, raconter toutes les histoires des gens qui vivent et se battent pour ce pays”, conclut-elle.
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Propos recueillis par Yasmine El Kouhen, ancienne élève du Lycée Paul Valéry à Meknès, journaliste.
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